Jésus pour le XXIème siècle de John Shelby SPONG (2007- trad 2014)
(Jesus for the non-religious, recovering the divine at the heart of human )
12. C’était la plénitude de l’humanité de J (Jésus) qui permit à ses adeptes de percevoir la divinité qui résidait en lui. Cf Paul : « Dieu est en Christ . »
I. Séparer l’homme Jésus du mythe
29. Les histoires des naissances célèbres sont toujours fantaisistes. Elles ne sont jamais historiques. Après tout, personne n’attend jamais à la porte d’une salle d’accouchement la naissance d’un être grandiose.
49. les parents de J. sont des portraits de fiction.
Il apparaît que Matthieu est bien le créateur de la légende de la virginité de Marie. (Marc lui donnait 7 enfants!)
63. la réalité historique des Douze.
J avait aussi des disciples femmes, qui étaient toujours avec lui, mais qui ne sont nommées sur aucune de ces listes. !
71. les histoires de miracles sont-elles nécessaires ?
Il doit y avoir un moyen d’être à la fois un croyant et un citoyen du XXIème siècle.
Je suis convaincu qu’un D que l’esprit rejette ne pourra jamais être un D que le coeur peut adorer.
Je ne veux pas qu’on me dise que la foi consiste à devoir rester un enfant devant une déité parentale surnaturelle.
…mon voyage spirituel me force à aller au-delà de l’expression littérale d’un monde pré-moderne, si je veux découvrir la réalité de ce Christ qui transforme continuellement ma vie….les événements surnaturels étaient crus universellement dans cette période de l’histoire, et ils imprègnent une bonne partie de la Bible.
Les miracles ne débutent pas avec l’histoire de J, ils commencent dans la Bible dès la Genèse.
76. A. MacLeish dans sa pièce J.B (Job) « Si D est D, il n’est pas bon. Si D est bon, il n’est pas D. » Un D qui est immoral ou impotent, ou les deux à la fois, n’a pas une grande crédibilité.
82. dans un autre livre, l’auteur paraphrase Paul Tillich en disant : »je fais l’expérience de D comme étant le fondement de ce qui est, qui m’appelle à être tout ce que je puis être, et à affirmer la nature sacrée de tout ce qui est. »
86. Sentant que D faisait partie de ce qu’était J, les disciples utilisèrent leurs épisodes des miracles sur la nature pour démontrer la présence de D en J…La notion de compte-rendu mot-à -mot est, ne l’oublions pas, une notion essentiellement moderne.
119. Aucun des mots ou détails utilisés pour décrire la crucifixion ne provenait de la mémoire de témoins oculaires. Ils provenaient des anciennes paroles des saintes Ecritures hébraïques et furent utilisés quasiment mot à mot…Marc utilisa les Ecritures pour relater le moment crucial de l’histoire de J.
143. la vie éternelle au sein des mythes.
L’histoire de J, y compris la narration de sa résurrection, est une invitation à voyager au-delà des limites humaines…dans la réalité d’une expérience que nous appelons D, qui n’est pas au-dessus du ciel, mais qui se trouve dans les profondeurs de la vie…
144. l’explication traditionnelle de l’expérience de J est en train de mourir. Toute explication meurt quand meurt son époque.
Toutefois, la mort de l’explication nesignifie pas la mort de l’expérience ! Notre tâche consiste à séparer l’expérience éternelle de son explication première, qui elle est rattachée à son temps, qui en est le reflet.
II. Les portraits de Jésus
149. L’idée que la vérité suprême de D puisse être réduite à des Credo ou à des formules doctrinales est à la fois grotesque et spirituellement suicidaire.
161. Les questions que l’on se pose dans notre monde ne sont pas les bonnes questions. Aujourd’hui les gens demandent : »les choses décrites dans les Evangiles se sont-elles passées ainsi ?.. » En fait, la bonne question pour avoir accès à cette ancienne tradition est : »qu’y avait-il à propos de J de Nazareth qui fit que ses disciples originaux l’enrobèrent des histoires sacrées de leur passé juif ? «
204. Au « séminaire de J » de 1993 , les participants ont considéré qu’environ 84 % des paroles de J et des faits et gestes rapportés dans les Evangiles n’avaient pas de valeur historique. Ils ont au contraire été jugés comme le produit de la communauté de l’époque.
Mais ce n’est pas vraiment une tragédie d’avoir perdu le J historique…
Il y avait quelque chose en lui qui leur a donné la conviction que le D auquel ils croyaient était présent en lui, en quelque sorte que ce D était avec le J qu’ils avaient connu. C’est précisément ce que nous devons sauvegarder.
212. Le principe d’organisation de l’évangile de Marc n’est basé ni sur la mémoire de témoins oculaires, ni sur des données historiques. Mais il consiste à raconter les épisodes de l’histoire de J de manière appropriée à l’année cultuelle juive, que les disciples ont observée en tant que fidèles à la synagogue pendant la période de tradition orale.
216. Marc, Matthieu et Luc ont considéré que l’activité de J avait duré un an (alors que Jean dit 3 ans…) Un an correspondait au cycle cultuel juif auquel les histoires de J ont été rattachées.
III. La vie de Jésus revisitée.
227. quel est le D rencontré en J ?
La définition théiste de D n’a jamais concerné D lui-même : il s’agit toujours des besoins des hommes qui aspirent désespérément à croire à un système qui leur permettrait de vivre sans éprouver l’angoisse inhérente à la vie humaine.
Par conséquent, le théisme peut mourir sans pour autant que D ne meure.
239. les sources de la haine religieuse.
Michael Goulder : » le D théiste est devenu aujourd’hui « inemployé » au chômage » ; ce D n’a plus aucun travail réel à faire !
240. Jean X,10 :« moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance.«
261. un autre « portrait » de Jésus : celui qui a brisé les frontières tribales .
Un appel à partager avec tout le monde la puissance vitale de l’amour qui élève toujours la vie humaine, qui nous rend aptes à franchir les barrières du besoin de sécurité qui nous a de tout temps emprisonnés.
266. Jésus, celui qui a brisé les préjugés et les stéréotypes.
Je conçois J à présent comme celui qui nous appelle à faire partie d’une nouvelle humanité. Le salut ne consiste pas à confirmer notre état de pécheurs, mais à nous donner de pouvoir atteindre une nouvelle conscience qui dépasse tout sentiment d’imperfection.
276. Il nous faut encore et toujours éliminer l’image d’un J qui serait descendu sur Terre comme un sauveur céleste, et examiner ses actes, décrits dans le nouveau Testament(…) par exemple, il a montré envers la Samaritaine un respect et une dignité qui élevèrent cette femme vers une nouvelle dimension, celle d’un être totalement humain.
279. je crois que certains arguments sont assez solides pour évoquer la possibilité que J et Marie-Madeleine aient été mari et femme. ( cf son livre : »Né d’une femme »)
280. C’est dans l’humain que nous pouvons faire l’expérience du divin…Dans la plénitude de l’humanité de J, nous pouvons ressentir ce que signifie de vivre au-delà des barrières de l’être humain issu de l’évolution …nous y découvrons ce que Paul Tillich proposait en guise de définition de D : « le fondement de ce qui est «
290. Jésus celui qui a brisé les frontières religieuses.
En réalité le divin nous parvient toujours d’ici, d’en-bas, de la Terre.
D n’arrive pas d’une sphère céleste localisée au-dessus du ciel, qui descendrait et pénétrerait la vie humaine.
293. D est une force vitale qui s’épanouit dans la nature humaine, jusqu’à ce que l’humanité soit libérée de ses barrières, préjugés….cette nouvelle définition a déplacé notre ancienne vision d’une force externe à la vie en quelque chose qui se trouve en son centre…
294. J était à même d’ouvrir l’esprit des gens à cette dimension transcendante de la vie, de l’amour et de l’existence que nous appelons « Dieu »….
Etre chrétien, selon les paroles de Bonhoeffer, ce n’est pas être une personne croyante mais une personne épanouie. J est le portrait de cette plénitude, c’est pour cela qu’il est pour moi, grâce à son humanité totale, l’expression ultime de D.
300. La Croix, un portrait humain de l’amour de Dieu.
Comment était-ce possible que D pût refuser le message de J, un message de pardon, et d’amour ?…à mon avis, cette tension interne a dû être une des raisons qui expliquent le temps considérable qui s’est passé entre la Crucifixion, l’expérience qui avait donné naissance à cette tension, et la Résurrection, qui fut finalement l’expérience au cours de laquelle cette tension prit fin. (attention : l’expression « trois jours » n’est qu’un symbole liturgique…)
307. Les auteurs des Evangiles ont fait le portrait de quelqu’un d’épanoui, pleinement humain, qui n’a aucun besoin de haïr ou de blesser…quelqu’un qui possède sa vie à un point tel qu’il a été en mesure de l’offrir.
308. La croix est l’endroit où celui qui était si pleinement vivant a pu offrir aux autres tout de qu’il était ; par cet acte, il nous rendit visible tout ce que nous comprenons par le mot « dieu ».
« D est en Christ » : les gens avaient rencontré D en lui, et nous le disons avec eux, parce que la vie, l’amour et l’existence coulaient au travers de la plénitude de son humanité .
Vue sous cet angle, la croix n’est pas un lieu de torture et de mort, c’est le portrait de l’amour de D qui peut être aperçu quand on peut offrir tout ce qu’on est et tout ce qu’on a…
D consiste à vivre, à aimer et à être.
L’appel de J n’est donc pas un appel à être croyant …
L’appel de D en J, c’est un appel à être pleinement humain(s)…
309. Quand J sera libéré de la prison du concept religieux, une renaissance et une réforme deviendront possibles.
L’homme Jésus apparaît à l’horizon.
Mon ami J.Hines me disait « quand vous entreprenez une chose audacieuse, ne vous mettez pas à trembler devant votre propre audace ! »
313 Epilogue (un sermon de SPONG en 1974) « Christpower » = le souffle du Christ
Regardez-le !
Ne regardez pas sa divinité, mais regardez plutôt sa liberté.
Ne regardez pas les histoires exagérées de son pouvoir, mais regardez plutôt sa capacité infinie à se donner à autrui.
Ne regardez pas la mythologie du premier siècle qui l’entoure, mais regardez plutôt son courage d’être, sa capacité de vivre et la qualité contagieuse de son amour.
Arrêtez votre recherche frénétique !
Arrêtez-vous et sachez que c’est là Dieu : cet amour, cette liberté, cette vie, cet être ;
et quand vous serez accepté, acceptez-vous vous-même ;
quand vous serez pardonné, pardonnez-vous vous-même ;
quand vous serez aimé, aimez-vous vous-même.
Saisissez -vous de ce souffle du Christ, et osez être vous-même !
Je crois que c’est là la voie vers Dieu,
le Dieu que j’ai rencontré dans ce Jésus si profondément humain.
Shalom !
Notes de lecture de p.M.
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