En Sarthe des Chrétiens sont en Marche, en lien avec la CCBF

Rencontre autour du Sacrement de Réconciliation

à la Marbrerie le samedi 26 octobre 2013

 

Le petit groupe de chrétiens de Sablé et de ses alentours est heureux d’accueillir les 18 personnes présentes, membres ou non de la CCBF, pour partager et enrichir la réflexion menée depuis 2 ans avec le frère Daniel de Reynal, autour du sacrement de réconciliation.

Cette réflexion a été menée à l’aide de deux ouvrages : « On demande des pécheurs » de Bernard BRO et « La réconciliation » d’Anselm Grün.

Le frère Daniel de Reynal partage avec nous son expérience de confesseur :

Le sacrement de réconciliation procure une joie profonde à celui qui ouvre son cœur devant Dieu en présence du ministre de l’Eglise. Joie partagée par ce dernier qui est témoin de l’action divine dans celui qui cherche à être vrai devant le Christ.

L’Eglise a reçu du Christ ressuscité le don de l’Esprit : « Il souffla sur eux et leur dit « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés (vous qui êtes pêcheurs vous aussi), ils leur seront remis ». (Jean 20, 22-23).

L’histoire du sacrement de la réconciliation au long des siècles est complexe Depuis le Concile Vatican II, il est vécu avec une plus grande authenticité. La grâce accordée est celle de la réconciliation.

–       avec Dieu

–       avec nos frères

–       et avec soi-même

Il est nécessaire de préciser cette dimension de la réconciliation avec moi-même.

–       d’apprendre à faire la vérité avec soi-même, d’éviter le sacrement parce qu’on n’a pas péché ou qu’on est trop pécheur pour y accéder.

–       La psychologie, la psychiatrie sont utiles dans certains cas, pour nous éclairer sur nous-même. Nos défauts ou difficultés ne sont pas forcément à cataloguer comme « péchés ».

Dieu agit dans le sacrement de réconciliation. Rencontre avec le Christ de l’Évangile qui pardonne inlassablement et l’homme pécheur.

Il n’est pas nécessaire que le conseiller spirituel soit le ministre qui communique le pardon au nom de Dieu. C’est ainsi que chez les moines, les premiers « pères spirituels » furent les moines laïcs qui, au IVème siècle et après, se retiraient au désert pour vivre en chrétiens, loin de la cité. Chaque moine avait un conseiller spirituel, homme (ou femme) de prière et d’expérience qui avait reçu le don de discernement. La confiance qui unissait ces deux personnes leur permettait d’éviter les illusions et de progresser dans l’union à Dieu.

A la suite de cette introduction, les participants échangent entre eux et avec le frère Daniel.

RÉCONCILIATION AVEC LE PERE

Se confesser, c’est se jeter dans les bras de Dieu

RÉCONCILIATION AVEC SOI-MEME

Se réconcilier avec soi-même, n’est-ce pas une forme d’orgueil ?

Il n’est pas sûr qu’il soit utile de faire appel à la psychanalyse pour trouver la racine des nœuds qui sont en nous : Je peux être l’enfant qui se jette dans les bras de son père pour recevoir son pardon sans qu’il soit nécessaire que je me comprenne suffisamment.

Le philosophe Martin BUBER commente ainsi l’interpellation de Dieu à Adam : En lui disant « Où es-tu », il essaie de réconcilier Adam avec ce qu’il est… Dans quel état t’es-tu mis ? Ne reste pas dans ta cachette, ne te cache pas à toi-même. C’est un appel à la réconciliation avec lui-même, afin qu’il ne soit pas écrabouillé…

On n’a pas tous le même niveau de conscience de soi. La névrose est privation de liberté

CONTESTATIONS

Trois niveaux distincts sont observés par un participant :

1. Qui donc est Dieu pour que je me réconcilie avec lui ?

2. La dimension communautaire de l’Église.

3. La démarche personnelle.

Je me mets à distance, pour prendre en compte l’humanité dans son universalité. Dans cet esprit, je me sens de la même pâte que les adeptes de l’Islam. Les blessures que j’ai connues dans ma vie me rendent plus indulgent avec ceux qui chutent. Mais l’amour entre nous ne me semble pas dépendre d’un homme qui est d’une condition particulière. Il ne me semble pas que je doive passer par ce sacrement…

AUTRES REMARQUES :

Je reconnais que le prêtre est soumis à la loi humaine des erreurs et des fautes, un pécheur comme nous. Mais parfois, il m’a été insupportable de vivre en confession des manques d’écoute, des jugements, des paroles cassantes.

Ce que je trouve sain, c’est l’expérience du couple, de la famille. C’est là que j’ai appris à demander pardon. Il y a là une dimension de vérité essentielle. Il faut aussi savoir se demander pardon.

Aller plus loin dans la réconciliation, c’est par exemple dire une parole de vérité à notre hiérarchie dans le cadre du travail. C’est là une manière de revitaliser l’humanité commune, afin qu’elle ne dépérisse pas. On a trop peu fait dans ce sens.

Deux dimensions de la célébration du sacrement ne sont pas acceptables :

1. Le caractère magique de ce qui m’apparaît parfois comme une grande kermesse, où il s’agit d’être le plus grand nombre dans le même endroit.

2. La facilité à pardonner que j’estime être une faiblesse parce qu’elle fait l’économie du chemin à parcourir de part et d’autre, lorsqu’un pardon est administré de façon immédiate, sans recul. De mon point de vue, le pardon n’est possible que s’il y a une égale conscience de la faute, chez celui qui la commet comme chez celui qui la subit. Voilà pourquoi j’en veux à l’Eglise d’escamoter cette étape en pardonnant trop facilement.

Nous avons pu inculquer à nos enfants cette logique du pardon automatique, en les forçant à demander pardon à tout bout de champ ! Quel autre sens a cette injonction que celle d’une formule magique. Tout le monde est content alors qu’il n’y a aucune démarche féconde.

Lors d’une célébration pénitentielle, les clercs sont au milieu de nous : ils devraient s’incliner devant les fidèles avant de les confesser (comme le Pape François l’a fait le jour de son élection).

J’ai vu deux documentaires intéressants et respectueux : Agnus Dei et Mea Maxima culpa sur la pédophilie dans l’Église. Mesure-t-on la dévastation des conduites auxquelles donne lieu la formation des clercs dans l’Église d’aujourd’hui ? L’Église passe peu de temps pour s’interroger sur sa responsabilité dans la fabrication de ce type de conduites déviantes. Comment faire comprendre la nocivité de ce système ?

OBJECTION :

Ne disons pas trop vite que l’Église est fautive, qu’elle est la Grande Coupable d’une faute dont nous nous exempterions : l’Évangile nous offre une grille de lecture chaque jour renouvelée.

OBJECTION A PROPOS DU PARDON

Il peut y avoir inconditionnalité de la part de l’offensé : Jésus, sur la croix, pardonne à ses bourreaux. Et ce pardon est efficace.

REPONSE A L’OBJECTION

La miséricorde absolue de Jésus sur la croix, c’est un absolu vertical. Pour ma part, je ne me vois pas dire à mon prochain : « Je te pardonne parce que tu ne sais pas ce que tu fais ». Je suis partisan de la correction fraternelle.

A mon sens, l’Eglise n’a pas assez réfléchi sur ce sacrement.

L’Eglise a perdu le sens de la communauté, or c’est la communauté chrétienne qui est chargée de ce sacrement. On devait se pardonner mutuellement, et comprendre que c’est parce que l’Esprit Saint nous donne de le faire.

AUTRE CONTESTATION

Les responsables d’aumôneries hospitalières expriment leur incompréhension de n’avoir pu, au nom de l’Église, donner le pardon à la personne souvent à bout de souffle, qui avait fait la démarche d’une longue confidence-confession. Il est alors nécessaire, pour que la personne se sente en règle, d’appeler le prêtre à qui elle n’avait plus le désir ou la force de partager et qui, de ce fait, en est réduit à l’administration du sacrement.

REPONSE DE DANIEL DE REYNAL

Le Pape actuel est assurément conscient de ces difficultés. Au Brésil, par manque de prêtre, le catéchiste du village prépare les baptêmes, célèbre chaque dimanche etc.…Ces derniers ont demandé l’autorisation de pouvoir donner le sacrement des malades.

RAPPEL DES TROIS MINISTÈRES DE NOTRE CCBF

Rappelons-nous les trois ministères proposés par la Conférence Catholique des Baptisés :

1. Le ministère de l’écoute

2. Le ministère de la bénédiction : dire du bien

3. Le ministère de l’espérance.

CONCLUSION :

Au terme de ce très riche échange retranscrit en conservant les expressions dialoguées, il semblerait que nous aboutissions à deux points de vue :

Un point de vue accréditerait le sacrement de réconciliation en proposant de l’ouvrir au-delà des ministres ordonnés, en reconnaissant sa force de libération de façon d’autant plus évidente qu’il est célébré par une personne compétente en termes de relations humaines, d’écoute et de non-jugement ce qui n’est pas toujours – loin s’en faut – l’expérience d’une bonne partie des participants.

L’autre point de vue disqualifierait sa forme actuelle, exprimant qu’elle a servi à entretenir des secrets pernicieux dans des affaires très graves et regrettant que ce sacrement délivré par un prêtre non formé ou n’ayant pas réfléchi au sens du pardon, escamote de ce fait un chemin de demande de pardon quotidien entre personnes concernées. Ajoutant que le pardon donné et reçu est l’affaire de la communauté.

PROPOSITION FINALE :

On pourrait se revoir à nouveau pour réfléchir sur le sens du péché.

Il serait utile de faire remonter nos réflexions jusqu’à l’évêque du lieu.

 

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