CCB 72 – marche du 15 octobre 2011 dans les bois de l’Epau – retour des groupes
1. Quels hommes, quelles femmes l’Evangile nous invite-t-il à devenir ?
- Chacun de nous est adulte et donc responsable et acteur au sein de l’Eglise, et non juste suiveur de ce qu’une hiérarchie décide. Mais tout seul, on ne peut pas grand chose.
- Le mouvement CCBF permet :
– d’aller ensemble vers… : vers l’extérieur, vers les autres en général, en respectant la liberté de penser de chacun,
– d’aider à tendre la main vers l’autre pour le soutenir sans faire à sa place. En particulier pour les jeunes dont certains sont en grande souffrance.
- Il est important
– de retrouver l’esprit de l’Evangile par le biais de la CCBF, de retrouver le sacerdoce des baptisés.
– de devenir des hommes et des femmes d’écoute entre autre, auprès de personnes vivant des moments particuliers ou délicats (comme par exemple lors des baptêmes ou lors des sépultures) alors qu’ils ne sont pas forcément très croyants ou même sans qu’ils aient la foi.
– d’aller vers l’autre sans le juger dans son positionnement.
- Il est difficile de constater devoir lutter à l’intérieur même de l’Eglise : on se heurte à des pinailleries stériles ou à des détails sur des rites que l’on souhaite rétablir et qui donnent l’impression de retourner en arrière – sujet souvent soulevé par des jeunes gens –, qui épuisent les bonnes volontés et détournent les forces de l’essentiel, du fond dont on a tant besoin.
- Les femmes et les hommes en l’Eglise se doivent d’être :
– debout, adultes avec un véritable esprit d’ouverture,
– en sachant faire le point pour mieux rebondir,
– et en étant libres, libres intérieurement sans pour autant être militants.
- L’Eglise peut être considérée sous deux sens différents :
– la hiérarchie d’un côté et l’assemblée des fidèles de l’autre,
– le peuple de Dieu dans lequel sont inclus les évêques et les prêtres. C’est ce deuxième sens qu’il est bon de faire vivre, parce qu’ avec Jésus-Christ : tout homme est une histoire sacrée.
- « Aime ton prochain comme toi-même » : pour faire grandir le respect de soi-même, et donc mieux aller vers l’autre, mieux l’aimer, il est important que nous rencontrions des gens qui nous respectent nous (ex : Monseigneur Myriel, dans « Les Misérables » de Victor Hugo a su accueillir Jean Valjean sans le condamner ni le faire condamner ou l’Abbé Pierre qui a demandé à son premier compagnon, Georges Legay, de l’aider à aider les autres alors que celui-ci voulait se suicider ; ces deux attitudes ont été le point de départ d’une profonde conversion ; Jean Valjean et Georges Legay ont été accueillis, respectés, écoutés et ont pu choisir librement leur voie).
- « Il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père ».
2. De quel type de communautés avons-nous besoin aujourd’hui pour vivre l’Evangile ?
- Un grand intérêt de la paroisse : on ne se choisit pas ! Sauf qu’avec les différents « regroupements » on est amené à le faire et à aller là où on est le mieux.
- Nous avons besoin de communautés
– variées, vivantes,
– qui vivent des valeurs de l’Evangile (plus que des dogmes et du catéchisme), ouvertes aux autres (à tous mais pas à tout) et au monde…
– où l’on puisse partager notre foi et ce qui nous fait vivre (et non réserver cela seulement pour l’intimité)
– où on n’irait pas seulement « pour avoir sa messe ».
- On pourrait se retrouver pour des actions ponctuelles, même sans paroles (exemple du mouvement de protestation silencieuse à Toulouse contre l’exclusion)
- Quelqu’un qui prend la parole est quelqu’un qui s’engage, mais engage plus que lui : l’Eglise à laquelle il appartient. Les pasteurs ne devraient pas l’oublier !
- Une communauté ouverte au monde.
- Oui, on a besoin d’une paroisse. Une sépulture rassemble des baptisés et des non-baptisés.
3. Comment construire la vie en Eglise comme un espace de parole autant que comme un espace rituel ?
- L’un est passé d’une paroisse qui « fonctionnait » sans avoir besoin d’eux en couple (paroisse avec des personnes en responsabilité qui restaient entre elles : en « cercle fermé ») à une autre paroisse où on est venu très vite les chercher.
- A Solesmes, où c’est un moine qui est curé depuis 1846 (pour éviter des dissensions entre paroisse et monastère), le curé a trouvé un « truc » pour que les gens se rencontrent : fermer la porte du transept, pour que tous sortent par la grande porte !
- Certains ne cherchent pas de responsabilités ni de place particulière dans la paroisse et donc ne se « plaignent » pas.
- Mais on sent que les laïcs sont « tenus en retrait ».
- On s’aperçoit que ceux qui demandent à avoir la parole sont ceux d’un certain âge, qui ne veulent pas revenir à une église d’avant le Concile !
- Question : est-ce que les jeunes qui ont le plus besoin de repères et de cadres, et n’ont évidemment pas connu le temps d’avant, ont l’impression que « tout a foutu le camp » avec mai 68 ?
- Les EAP servent-elles vraiment à quelque chose ?
- A Ste Croix, il y a deux ans : retour à une ritualisation « gênante » même si la parole n’était pas forcément si bien partagée « avant ». Mais l’avantage, c’est que, paradoxalement, la parole s’est libérée, à cause de la situation difficile !
- En petit groupe cela ne pose pas de problème car il y a un partage possible, une connivence, le rituel peut se couler là dedans. Dans l’Eucharistie du Dimanche cela est plus difficile. Où faire un partage de vie ? Dans le groupe, les tentatives de partage intégré à la célébration, durant le temps de l’homélie, ne furent pas concluantes…
- Faut il transmettre la foi en posant des actes rituels chrétiens et à force la foi viendra petit à petit ? Schéma qui fonctionnait autrefois mais qui n’est plus adapté à notre époque. Epoque de la science, on veut comprendre avant, les gestes daivent avoir un sens. Il faut que le rituel soit rempli de la vie sinon il est désincarné.
- Dans le texte des disciples d’Emmaüs, il y a 3 aspects
– partage de vie
– partage de la parole
– partage du pain
- Pour une vie chrétienne, il faut ces 3 temps là, s’il en manque un c’est bancal. Dans nos eucharisties du dimanche, il n’y a pas de partage de vie, il y a très peu de partage de la parole. « La fraternité est constitutive de la validité de l’Eucharistie » (Jean Rigal).
- Le rituel a vraiment sa place quand il vient en suite du partage. Pour J. Moingt, la future Eglise sera un espace ministériel ET un espace de la parole en petites communautés de base. Le rituel est fait de symboles. Le symbole nous fait rentrer DEDANS, c’est un médiateur, il doit nous faire rentrer dans la prière. Ne vivons pas un rite qui ne soit rempli de la vie, sinon cela est non signifiant.
- Il y a des moments où l’espace de parole et rituel peuvent être ensemble (prière), « Là où 2 sont réunis en mon nom, je serai au milieu d’eux ».
- Dans l’approcje œcuménique, on est dans l’espace de parole et non du rituel et pourtant des choses fortes se vivent.
- Il y a un moment où il faut célébrer ensemble où on a besoin du rituel. Comment faire pour que le rituel ne prenne pas toute la place? Car « Au commencement était le Verbe… » Autrement dit, on ne doit pas oposer les 2.
- On a besoin de lieu et de temps où partager la parole plus que cela nous est offert en ce moment.
4. Ne devons nous pas comprendre l’Évangile et l’annoncer autant en termes de sens qu’en termes de salut ?
- le salut : problème avec « beaucoup d’appelés mais peu l’élus » ; le Christ rejoint les gens là où ils en sont et les appelle à la conversion.
- Moi, j’ai envie d’être chrétien pour aujourd’hui ; je ne suis pas tellement préoccupé par l’après-mort ; si on reporte toujours à demain, quand vivons-nous notre vie de chrétiens ?
- Est-ce qu’il y a des cracks boursiers dans ce qu’on capitalise pour plus tard ?
- Si ce qu’on vit aujourd’hui n’a pas d’importance, çà ne peut pas donner envie aux gens.
- Pour certains, tout ce qu’il y a autour de nous est mauvais : je ne me sens pas menacé en tant que chrétien.
- Le salut est ouvert à tous
- Tout le monde peut mettre du sens à sa vie = l’attention aux autres, aux plus faibles…aujourd’hui, on dirait qu’il faut convertir les gens pour qu’ils bénéficient du salut : gênant !
- Comment nous laissons-nous interroger par les autres et particulièrement par ceux qui ne partagent pas notre foi ? Comment leur révéler que ce qu’ils vivent me fait penser au Royaume ? Est-ce nécessaire de le leur révéler ?
- Faut-il à tout prix que les gens connaissent Jésus ?
- Dire « Viens avec nous », c’est dur… Dire « j’ai rencontré quelqu’un qui me passionne » : oui.
- Le vocabulaire liturgique est souvent difficile : « nous implorons ton pardon », « le peuple des rachetés »…
- Faut-il continuer à avoir des rites s’ils ne correspondent plus à rien ? Par exemple, dans un paroisse un homme a été institué « lecteur » en vue du diaconat : ça veut dire quoi quand tout le monde aujourd’hui fait les lectures ?
- Annoncer l’Évangile en termes de sens : nous faire grandir en humanité ; agir avec les valeurs évangéliques d’écoute, de dignité, de solidarité, de pardon ; faire la meilleure place aux plus faibles ; cette attitude nous invite à la modestie car les chrétiens n’ont pas le monopole du salut ; tous ceux qui pratiquent l’attention aux autres comme valeur fondamentale seront sauvé autant que moi !
- Comment on se raconte les merveilles que Dieu fait chez les autres, tous les autres (croyants ou non) : ce devrait être çà l’offertoire.
- Ce qui nous interroge dans cette question c’est : « mais de quoi donc ai-je besoin d’être sauvé ? ». Puis c’est plutôt une réflexion qui se traduit en questions multiples :
– que mettre derrière le mot « sens » ? Est-ce s’imprégner de l’Evangile pour sortir un sens pour notre vie ?…
– mais de quoi parle-t-on lorsqu’on parle de « salut » ?
– alors vient la notion de péché. Mais que met-on derrière ce mot « péché » ? Comment le considère-t-on ?…
– Il est certain que, seul, il n’est pas possible de tout comprendre.
- « Le salut » renvoit à une notion religieuse alors que le sens renvoie à une notion philosophique. Le salut se rapporte à l’au-delà, nous sauve de la mort avec une notion de rachat qui peut-être mal comprise.
- « Le sens » est plus facile à comprendre pour tous, croire en l’Evangile donne un sens à la vie et par là on se sauve ! car l’Evangile donne une espérance, ouvre l’avenir. L’Evangile nous aide à aller au delà de nos zones mortifères, à progresser dans notre humanité maintenant, tout de suite (thème de l’AUJOURD’HUI, cher à Luc) et pas ailleurs ni plus tard. Le salut vient en prime.
- En relisant notre histoire de vie, on voit cette construction du sens.
- Les Psaumes sont aussi le reflet de l’homme et de la vie humaine. Ils restent très actuels. « Je vois ma faute » … « Seigneur tu es mon Roc ». Ce balancement se retrouve dans tous les Psaumes. Ils nous aident à relire nos épreuves et à travers elles on arrive au salut… au sens.
- Dans la même progression, dans l’Evangile des témoins d’Emmaüs, Jésus donne du sens à leur souffrance : tout en marchant il les aide à relire les épreuves qu’ils traversent à partir des écritures, il les rejoint dans leur vécu (de quoi parliez-vous tout en marchant ?), c’est seulement après qu’ils peuvent le reconnaitre lors du partage du pain… et aussitôt tout prend sens… et le salut est.
- Annoncer l’Evangile en tenant compte de ce que la personne vit : cela ne peut partir que de là.
- Jésus parle plus de « sens » que du « salut ».
5. Comment articuler foi, religion, citoyenneté
- Foi et citoyenneté vont bien ensemble ; le mot « religion » est un peu l’intrus.
- Les évêques donnent des critères de discernement qui sont fondés sur quoi : la foi ou la religion ?
- C’est quoi, la religion : une appartenance ? Une institution ? Le fait d’être reliés ?
- La religion devrait nous aider à vivre notre foi ; elle est seconde par rapport à la foi.
- Il y a des valeurs communes à toutes les religions.
- La foi est un acte de liberté qui invite à devenir de plus en plus libre ; la foi serait-elle du côté de l’engendrement et la religion du côté de l’encadrement ?
- Religion et hiérarchie ?
- Religion et citoyenneté : dans notre religion, on ne peut pas exercer la citoyenneté que l’on vit dans la société.
- La religion devrait nous aider à vivre en société.
- Exemple d’Aline : équipes liturgiques à Ste Croix
- On dit que l’Église n’est pas une démocratie : et pourquoi pas ? Quels arguments sont donnés pour une telle affirmation ?
- Ma demande n’est pas que l’Église soit une démocratie mais qu’elle ait un fonctionnement démocratique.
- Développer une culture de débats
- Pourquoi ne pas élire les évêques ?
- Exemple est donné de l’appel des Pasteurs par la communauté chez les Réformés.
- Certains prêtres n’acceptent pas le débat : il y a un problème dans la formation des prêtres.
- S’ils sont parfois en situation de toute puissance, c’est parfois aussi parce que les laïcs sont des bénis-oui-oui.
- La religion et l’Église ne m’aident pas à vivre ma vie de citoyen : quand il y a des évènements à la maison de quartier, on ne voit pas de chrétiens. Où est l’essentiel ? La paroisse est-elle une finalité ?
- Il y a eu un meilleur accueil au soutien de sans papiers à l’école qu’à l’Église.
- Pourquoi on ne parle plus de la vie de quartier à l’Église ?
- Dans l’exercice de la citoyenneté on a des droits et des devoirs.
- La religion est souvent synonyme de rites, de préceptes.
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