Texte publié sur le Forum de la CCBF en Février 2011
À l’invitation de la libraire Siloë, Christine Pedotti est venue au Mans jeudi 20 janvier, présenter Les pieds dans le bénitier, le livre co-écrit avec Anne Soupa. Une grosse centaine de participants, dont une majorité d’adhérents et sympathisants du groupe CCBF du département. Nous avons pu vérifier une nouvelle fois, comme lors de la venue d’Anne Soupa en avril de l’an dernier, combien la démarche des fondatrices de la CCBF peut faire écho aux multiples questions, frustrations et attentes de baptisés qui ont de plus en plus de mal à s’accommoder de certains des traits que l’Eglise s’obstine à donner à son visage actuel (retour d’un sacré archaïque, promotion du clerc, relégation des femmes, répétition mécanique de lois et règlements, etc.).
Certains sont cependant restés en partie sur leur faim dans la mesure où, lors de cette soirée, il aura été à leurs yeux trop peu question de la manière dont concrètement l’intuition des fondatrices prend corps dans la réalité, dont les groupes qui ont vu le jour depuis dix-huit mois dans les différents régions de France se structurent ou au moins s’installent dans la durée, dont les résistances rencontrées donnent à penser et à inventer, dont la CCBF se conçoit comme autre chose qu’un sigle de plus dans le tourbillon médiatique que génère la moindre affaire, etc. Mais peut-être Christine s’est-elle estimée tenue par son contrat du moment qui était de présenter son livre et non pas de faire directement la promotion de la CCBF – contrat sans lequel, dans le contexte local, elle n’aurait peut-être d’ailleurs pas pu avoir aussi facilement accès à une salle « diocésaine ».
Christine ayant choisi de prolonger son séjour en Sarthe, elle a heureusement accepté de consacrer une partie de la journée du lendemain à une séance de travail avec le comité de pilotage de la CCBF Sarthe. A elle s’était adjointe Karin Heller, théologienne catholique, actuellement professeur à l’université protestante de Whitworth au États-Unis[1] et auteur d’un retentissant article dans la Revue théologique de Louvain (41/3 2010)[2] . Nous y avons fait le bilan de dix-huit mois de fonctionnement et de notre attente d’une structuration plus visible en même temps qu’aussi fidèle que possible à l’intuition de départ. Nous sommes en effet déçus de constater l’apparente impasse sur laquelle semble avoir débouché la rencontre nationale du 2 octobre dernier, la torpeur prolongée dans laquelle s’est installé le forum après une brève période d’intense activité, le fonctionnement obstinément vertical du site (allers et retours entre un sommet – les fondatrices – et une base – réduite d’ailleurs à quelques individus), le sous-emploi auquel sont contraints les coordinateurs et coordinatrices de région, etc.
Pour « rebondir », il nous est proposé de nous constituer localement de manière complètement autonome en association (loi 1901) – la Conférence des Baptisés de la Sarthe. De son côté et parallèlement se constituerait nationalement une « Association de promotion de la CCBF » dont la fonction principale serait de « récolter des fonds et répartir les budgets ». Quant à l’articulation entre les associations locales, elle devrait pouvoir se faire « en réseau » et par « auto-régulation », moyennant l’émergence progressive et variée de véritables expertises (« à la manière Wikipédia »).C’est à dire que l’auto-régulation se fait petit à petit par l’expertise de chacun d’entre nous grâce à nos compétences respectives.
Dans la mesure où il nous permet à la fois de garder notre identité propre et de nous inscrire dans un « nous » d’Eglise, ce projet a notre aval. Nous sommes donc prêts à nous lancer mais il nous paraîtrait alors cohérent :
1- que tous les groupes locaux qui le souhaitent soient conjointement et solennellement invités à se constituer en associations autonomes.
2- que, pour ce faire, les fondatrices tiennent leur promesse faite le 1° novembre de « revenir vers vous […] avec une feuille de route traçant les étapes de la création de l’association de soutien de la CCBF ». Rien dans le « billet d’Anne et Christine » paru dans la Newsletter de décembre 2010 ne ressemble de près ou de loin à une telle feuille de route.
3- que le forum soit reconfiguré (et surtout simplifié) pour qu’il puisse jouer réellement son rôle de lieu où l’ecclésialité de chaque initiative s’expose et se reçoive en même temps des autres – surtout si le processus de constitution des associations locales et nationale est lancé. Mais le forum devrait aussi être pleinement actif durant le temps « ordinaire » : ce que vivent les uns et les autres au quotidien devrait pouvoir nous donner autant à penser que tel livre ou tel « manifeste » de théologiens.
4- qu’écho soit fait à la diffusion, à la réception (voire même au « rapport ») du livre Les pieds dans le bénitier dans la mesure où chacun est depuis octobre 2009, d’une certaine manière et à sa mesure, co-auteur de la démarche CCBF.
Le comité de pilotage sarthois
[1] http://www.baptises.fr/en-debat/le-manifeste-des-143-theologiens-germanophones/
[2] http://poj.peeters-leuven.be/content.php?url=article&id=2052755&journal_code=RTL
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