En Sarthe des Chrétiens en Marche, des liens avec la CCBF

JOURNAL d’un DOYEN de la CAMPAGNE SARTHOISE,

ou extraits du TEMOIGNAGE de Renaud LABY

exposé lors de l’assemblée plénière de « Chrétiens en marche 72 »

à La Suze le 10 juin 2012

Après avoir fait part de son bilan aux prêtres du diocèse, Renaud LABY à témoigné devant une cinquantaine de membres de « Chrétiens en marche 72 » de l’expérience des 9 années qu’il a vécues comme doyen à LA SUZE.

Renaud LABY a été doyen de la couronne Le MANS-Ouest de 2003 à 2012. Aujourd’hui il quitte ce doyenné, rural, pour reprendre une formation. Il a expérimenté diverses solutions pour faire vivre son doyenné (17 clochers, 4 paroisses) avec peu de prêtres, à savoir lui et 3 prêtres auxiliaires dont 2 ont des problèmes de santé aujourd’hui. 500 km, une pratique estimée à 1 à 2% de la population, 32 000 habitants.

Aujourd’hui Il constate que son ministère se borne, selon son expression, à préparer du culte, célébrer du culte, et communiquer par internet avec ses chrétiens engagés, ce qui lui pose la question de la réalité de « l’incarnation » du prêtre dans son secteur : « La prothèse informatique expulse le corps de la relation… »

Des actions ont été menées :

Il a provoqué, avec ses 4 EAP, la tenue d’une sorte de synode de doyenné en 2004-2005 qui a mis 120 personnes en équipes pendant 6 mois, d’où ont émergé au printemps 2005 six grands axes qui devaient constituer la feuille de route pastorale, à savoir par ordre décroissant d’importance :

-L’engagement des chrétiens dans la vie de la cité,

-La pastorale des « jeunes », depuis les jeunes jusqu’aux  jeunes parents de moins de 40 ans,

-la communication,

-la préparation à la foi et la liturgie,

-la solidarité,

-et l’engagement dans la vie chrétienne locale,

Avec des caps à tenir, des temps d’évaluation prévus, des relances…

Son service de la communication a mis en place un blog et une « news letter ». Le blog (fait avec « overblog ») lui parait plus souple que le site dans la mesure où il n’y a pas d’obligation de mise à jour, on se contente de rajouter des infos. Il publie aussi un annuaire de toutes les activités de l’année dans tout le doyenné, avec les dates, les horaires et les lieux dans chacune de ses 4 paroisses.

La réflexion sur la solidarité a conduit à lancer une petite équipe de visiteurs à domicile qui agissent comme le fait « familles rurales ».

Les maires des communes ont été interpelés sur la nécessité d’avoir un local pour les SDF au lieu de les envoyer, comme d’habitude, sur Le Mans… L’intérêt a été qu’à partir de là les communes ont conduit une réflexion sur les besoins sociaux…

En ce qui concerne la pastorale vers les 3 à 40 ans deux propositions ont été mises en œuvre : une catéchèse intergénérationnelle qui a réuni 25 personnes l’an dernier, et des petits déjeuners BA-ba à partir de l’outil mis au point par le diocèse de Poitiers (mais oui, un outil hors diocèse, c’est possible, pourvu qu’il soit bon !) en ciblant les fiancés qui préparent leur mariage, les parents qui demandent le baptême : 24 invitations ont été lancées, 9 personnes sont venues.

Il a lancé une réflexion auprès des maires pour essayer de développer une préparation au mariage civil, avec une association qui s’appelle « cap mariage » émanant des Equipes Notre Dame (étonnant, non ?) : seuls 3 maires ont répondu… Mais l’idée chemine…

Il y a une journée de doyenné une fois par an.

Et si on centralisait tout à La Suze?

 

C’était ma première idée… Et puis j’ai réalisé l’intérêt de l’identité de chaque paroisse, à préserver, avec son histoire… J’ai vite compris que la centralisation, pour pratique qu’elle soit pour moi, ferait mourir le témoignage local… Donc, avec l’accord des EAP, nous avons décidé de préserver l’autonomie de chaque communauté, d’où la formation de 4 EAP, avec une « inter-EAP » à laquelle participe un délégué de chaque EAP + le responsable de la pastorale des jeunes + le représentant du secours catholique.

C’est moi qui fait le compte-rendu de réunion (NB : comme ça je ne m’expose pas à un éventuel problème de rédaction par un tiers), puis je l’envoie à chaque EAP, qui se réunit ensuite dans les 15 jours qui suivent pour poursuivre la réflexion et décider, qui me font à leur tour un compte-rendu de réunion, et à partir de là j’établis l’ordre du jour de la réunion suivante…, etc…

Mettre en place des laïcs carrément responsables de leur paroisse ?

 

C’aurait été pratique pour moi… Mais là échec complet ! Et pourtant Mgr Rouet l’a bien fait sur son diocèse de Poitiers ! Ils m’ont tous dit : « Stop ! là, c’est ton boulot ! » J’aurais même voulu qu’ils soient élus par les communautés !… (NB : comme aux 1ers temps de l’Eglise…) J’ai à peine réussi à avoir un « coordinateur » issu de chaque communauté… J’aurais même voulu qu’ils représentent l’EAP vis à vis des autorités civiles…. J’en ai conclu que si le diocèse ne poussait pas à la roue je n’y arriverai pas…

Des assemblées dominicales autour de la parole, sans prêtre…

(NB : formule pas vraiment dans la norme…, en chantier inabouti depuis 2008…)

 

Par la force des choses… Je pense que, pour que les communautés soient vivantes il faut qu’elles se rassemblent le dimanche, avec ou sans prêtre. En 2007 j’ai décidé la mise en place de 2 à 6 assemblées de la parole par an sur le doyenné, les dimanches où le prêtre ne serait pas disponible : des ADAPs, sans communion, en essayant de ne pas faire un déroulement de la messe bis… Cela implique un travail de préparation avec les équipes liturgiques : elles se sont lancées et ont déployé des trésors d’inventivité, trop parfois pour elles… Depuis 1 an, de 2 à 6 par an on a du passer à 1 par mois, compte tenu de la disponibilité des prêtres… On constate que l’habitude est prise chez les fidèles malgré les légitimes résistances du début. Je pense qu’il ne faut surtout pas tenir compte du résultat des éventuels sondages sur le sujet. C’est vrai qu’il y a moins de monde que lors d’une messe (- 50% environ) mais les fidèles qui le vivent ont vraiment conscience de faire corps, et des gens qui ne peuvent s’approcher de la table eucharistique s’y trouvent bien… La paroisse ne se ferait pas exclusivement par l’eucharistie… Cette pratique évite la dispersion des fidèles et maintient un service de proximité….

Parce qu’une minorité de gens se déplacent vers la messe la plus proche ! La majorité ne pratique plus si on impose une messe délocalisée ! On constate que, chaque fois que la messe est centrée sur le doyenné, seuls se déplacent les piliers des paroisses. Les autres restent chez eux et le covoiturage ne marche jamais ! Faut-il alors centrer l’assemblée dominicale sur 1 ou 2 messe(s) seulement ? La majorité des EAP pensent que non ! Si on centralise on accélère la déchristianisation des campagnes et même les plus engagés localement risquent de ne pas se déplacer !

 

Interrogé par Renaud sur la question de savoir s’il valait mieux être dans la norme ou bien faire vivre ainsi la foi, notre évêque n’aurait pas su quoi répondre… Faire le dimanche un autre jour ? Ingérable ! La centralisation n’est sans doute pas la solution. Renaud pense qu’il faudrait faire un synode diocésain sur le sujet…

NB : En octobre 2013 il doit y avoir un « super truc » diocésain sur la mission, mais rien ne devrait se passer d’ici là.

Serait-il trop tard ?

 

J’en ai peur…

Il s’avère qu’il devient difficile de renouveler les membres des équipes, que ce soit les équipes liturgiques (on en est à essayer d’avoir une équipe unique qui prépare la célébration pour toutes celles du doyenné), les équipes d’accompagnement des familles en deuil… Le curé ne pourra pas suppléer tous les départs…

Le catéchisme : On s’aperçoit que le catéchisme catéchise les catéchèses en même temps que les enfants catéchisés… Quid de leur formation préalable?

Et dans les EAP, il est souhaitable que toutes les sensibilités soient représentées. Mais alors, ça devient ingérable, avec notamment ceux qui veulent des célébrations festives sur un lieu central tous les dimanches et en face d’eux des paroissiens fatigués qui vont bientôt baisser les bras… Il semblerait qu’on s’achemine vers la centralisation malgré tout, que cette hypothèse soit la perspective vraisemblable, mais, selon mon opinion, c’est la mort de la vie chrétienne dans nos campagnes… Avec parallèlement un curé qui fatigue…

Quant à chrétiens en marche 72, vient le temps où il faudrait passer de la réflexion à l’action…

Propos résumés et mis en forme par Jean-François

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